Takesh

Au pays des vieilles guimbardes

Le parc automobile s’illustre comme l’ensemble des véhicules en circulation sur un territoire précis à un moment donné. En étudiant le parc automobile camerounais nous avons constaté qu’il est constitué à environ 60% de véhicules d’origine asiatique et à environ de 40% de véhicules d’origine européenne. Toujours dans cette base de données, nous avons également remarqué un phénomène : la prédominance des véhicules d’occasion et une minorité de véhicules neufs. Comment s’explique ce phénomène ? Quels sont les répercussions d’une majorité de véhicules usés dans un parc automobile ? Quelles sont les mesures prises pour enrayer ce phénomène ?

Notre environnement a en son sein plusieurs éléments qui permettent de faire tanguer la barque d’un potentiel acquéreur de véhicule vers des véhicules plus usés .Pour le camerounais moyen acheter une voiture relève de l’investissement ; le coût de l’opération et le pouvoir d’achat qu’il détient sont deux notions qui ne sont pas très associables. Le camerounais  moyen a un pouvoir d’achat faible et l’achat d’une voiture est une opération qui se situe dans les 3 millions de Francs CFA minimum ce qui exclut le camerounais de base…

Dans de telles conditions les véhicules les plus accessibles au camerounais moyen sont ceux qui ont déjà été utilisés et qui sont revendus (véhicules de 2nde main voir de 3ème main) ou encore ceux qui ont été achetés sans toutefois  être  mis en circulation et qui sont revendus plus de 10 ans plus tard (on les surnomme généralement les « congelés »)

La richesse du parc auto camerounais en voitures d’occasion à un prix : La récurrence des accidents de la voie publique. En réalité, les constructeurs automobiles créent les véhicules pour une durée d’utilisation de 10 ans, pas 20 ans, 30 ans et surtout pas 40 ans. Cependant il est monnaie courante de rencontrer des autos de ces âges dans la circulation chez nous, pire d’effectuer des trajets à risque (axe lourd, routes enclavées). A ces âges avancés les véhicules peuvent présenter des anomalies visibles ou invisibles qui vont à long terme créer un incident regrettable entrainant dans le pire des cas des pertes en vie humaine.

Un autre revers de la prédominance  des voitures usées est la pollution. Les voitures ayant de vieux moteurs polluent l’air et favorisent la contamination des populations à certaines maladies à l’instar de la pneumonie, les maladies pulmonaires obstructives chroniques ou encore le cancer des poumons. La pollution ne se limite pas à celle de l’air mais aussi au niveau de l’environnement tout entier. La récurrence des flaques d’huile sur le sol, l’absorption  par la terre de pneus usés et des carcasses abandonnées de voiture constituent des déchets non biodégradables qui participent activement au réchauffement de la planète.

L’Etat Camerounais n’est pas indifférent aux maux énoncés antérieurement et s’évertue à trouver des solutions  à cet état des choses. En effet, la réduction des frais douaniers (abattement) à hauteur de 40% du prix de douane taxé pour tous les véhicules ayant moins de 10 ans d’âge est un moyen pour l’Etat d’encourager l’achat de véhicules neufs. De plus, l’adoption d’une nouvelle taxe annuelle (la visite technique) qui certifie de la condition des véhicules suggère une volonté de l’Etat de favoriser le rajeunissement des véhicules sur l’ensemble du territoire .

Les mesures prises par l’Etat pour rajeunir le parc auto camerounais sont  palpables mais ne sont malheureusement pas infaillibles. Nous avons eu le regret de constater qu’il existe des véhicules visuellement trop usés qui paradent avec des visites techniques ! Fait illogique mais réel dans notre contrée… Comment se justifie cette tare ? La corruption est la réponse à notre question. Les usagers peu scrupuleux ,qui veulent à tout prix circuler malgré l’état d’ endommagement  avancé de leur véhicule , n’hésitent pas à user de pots de vins et autres stratagèmes pour obtenir l’approbation légale du système nécessaire à leur  « droit de cité »  sur la route… Devant une telle volonté de faire régresser  les  avancées de la structure en place nous ne pouvons que nous sentir civilement responsable en connaissant les  protagonistes de telles pratiques. Cependant si le phénomène est aussi récurrent chez nous que la corruption elle-même par où commencer ?

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