Les Bimanes

Entre costume et cravate, Yaoundé prise en sandwich !

Tout récemment je suis allé à une conférence organisé par des experts de la banque mondiale sur un machin truc dont je me rappelle plus très bien, mais ce dont je me rappelle encore très bien c’est l’attitude de l’un des conférenciers qui n’arrêtait pas de s’éponger le visage (et je suis sûr qu’il se serait éponger autre chose si nous n’avions pas tous été là)…en réalité le gars suait à grosses gouttes, il suintait comme une toiture poreuse sous l’orage.

Bon il faut dire que nous étions en plein après-midi du mois de janvier qui depuis quelque temps réchauffement climatique oblige est incroyablement chaud à Yaoundé, mais je me suis demandé si ce Monsieur qui faisait partie des experts camerounais qui accompagnaient les experts de la banque mondiale, et qui avait pris soin de se nouer le coup avec ce qui s’appelle chez nous « la corde de la chèvre » (cravate) au point que sa tête semblait doubler de volume au fur et à mesure que la chaleur augmentait ; enfin je me suis demandé s’il était vraiment obligé de s’habiller ainsi, je veux dire est-ce qu’il était obligé de mettre un costume et nouer si fort une cravate par une température pareille ? j’ai d’abord pensé que le gars était un complexé qui c’était dit « aujourd’hui je serais à table avec des blancs je dois sortir ma dernière valise  pour leur montrer que nous les noirs aussi, savons porter les costumes », mais je lui ai accordé le bénéfice du doute parce que ça voulait dire que près des ¾ (dont moi-même) de la salle était complexé aussi, ce qui était statistiquement impossible, devait bien y en avoir un qui s’enfoutait d’avoir en face de lui un blanc, un jaune ou même un bleu pour lui expliquer les mécanismes de la macro-économie.

Mais le fait que nous soyons tous ou presque en costume cravate m’a mis sur la piste : en fait nous sommes tous comme quelqu’un a dit des « Yaoundè » et comme tel nous avons déjà intériorisé la mention « tenue de ville exigée » qui figure souvent sur les cartons d’invitation. Ah oui être « Yaoundè » c’est ça, c’est-à-dire en fait dans une ville où tu as pour mille (1 000) habitants, neuf cent (900) fonctionnaires, le costume (et souvent la cravate et la « pointinini » qui vont avec)  joue le rôle de norme sociale, c’est un « must have » ! Il ne suffit pas d’être fonctionnaire pour estimer devoir en posséder, lorsqu’on est « Yaoundè », on doit avoir son costume et sa cravate et il faut les porter, même parfois par 40°C à l’ombre. Ici le costume vous ennobli en quelque sorte, vous rend respectable aux yeux de tous (le taximan hésitera par exemple avant de vous « bâcher », dans les ministères les vigiles vous laisserons circuler à votre guise), pas étonnant donc que certains n’hésitent jamais à ressusciter  placards pour telle ou telle autre occasion des costumes « antiques »,  parmi ceux que les cafards et autres souris ont eu l’amabilité de ne pas ronger, ou alors ceux dont ils ont décidé qu’ils ne rentreraient jamais dans leurs menus.

Yaoundé est donc, ici au mboa,  la ville par excellence du costume cravate, cela a surement avoir avec son caractère administratif, mais souvent ça va bien au-delà, car le costume ici sert plusieurs « causes », il fait partie des habitudes des Yaoundéens au même titre que le bon vieux pull-over ; quelqu’un me parlait un jour des « camerounités », alors le costume si je puis me permettre fait partie des « Yaoundinités » ; pour le plus grand plaisir des pressing et des blanchisseurs !

Photo Source: http://stephaniedongmo.blogspot.com/

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