Henry Engoulou

Henri Engoulou s’en est allé… Aussi.

Jeudi matin dernier, l’Ex- Ministre délégué auprès du ministre des finances en charge a rendu l’âme. On ne va pas faire son éloge funèbre ici même s’il faut rappeler certains faits. C’était un détenu de la prison centrale de Yaoundé. Il était malade. L’ « Epervier » s’était saisi de sa personne dans l’affaire concernant les détournements de deniers publics. Dans les salons huppés de Yaoundé, les gens n’en reviennent pas, parait-il. Ce qui nous intéresse, c’est le point de presse bref du ministre en charge de la communication. Cinq minutes. Cinq minutes au cours desquelles on a voulu nous faire un démenti concernant les conditions carcérales au Cameroun.

Nous ne reviendrons pas sur les raisons de son internat à l’hopital central, il y a trois semaines de cela. Il tombe sous le sens qu’il n’allait pas bien. Ce qui est marquant est que l’ouverture de son procès devait enfin avoir le 29 avril passé et il se faisait une joie de se faire enfin entendre. Quatre longues années en prison sans qu’on n’ait eu la version des faits du prévenu. On ne remet pas en question l’accusation. Mais nous qui sommes libres de circuler n’avons pas pesé le poids de la présomption d’innocence. Il s’en est allé, sans avoir eu l’occasion de se faire entendre.

Attendre quatre ans en prison l’ouverture de son procès. Serait-ce une « arrestation préventive » ? Son cas est loin d’être isolé : la défunte Catherine ABENA, cas le plus récent, a été une démonstration extrême. Au Cameroun, la Justice semble avoir deux poids, deux mesures. Nous n’encourageons pas les prévaricateurs. Le souci est qu’il faudrait que, pour une fois, les choses soient faites dans les règles de l’art. Nous avons une constitution, des tribunaux et même un tribunal criminel spécial. Nulle part, il est écrit qu’on vous mettra en prison en attendant le jugement de votre affaire.

Personnellement, je suis pour la confiscation des papiers d’identité. Je suis pour le droit à l’expression qui implique la latitude au prévenu de se défendre ET d’avoir droit à un procès équitable. Aucun Camerounais n’est plus camerounais que son concitoyen. Certains vont arguer la fuite du prévenu. Alors à quoi sert la police ? Trève d’arguties, il faut d’abord mettre les uns bien à l’abri, la « onzième région ». Ce que semblent oublier les dirigeants, c’est que le peuple veut juste récupérer ce qui a été détourné. On nous a annoncé que plus d’un milliard de nos francs ont été recouverts par le Trésor Public. Mais rien n’a changé dans nos vies. Pour moi en tout cas, rien du tout. Et je reste convaincu que je ne suis qu’une goutte dans l’océan de plaintes de notre fonction publique. Elle n’est pas lente, elle piétine et fait du sur place.

Ainsi, Henri Engoulou s’en est allé sans avoir pu assister à l’ouverture de son procès, de se défendre, de donner sa version des faits. Ç’aurait été intéressant de savoir comment, à partir d’un budget, on vole. Ç’aurait été intéressant de voir la justice avancer sans à- coups. Au lieu de quoi, on a eu droit à une annonce au journal sur Ciartivi et à ce… simulacre de point de presse, comme pour montrer la bonne volonté du gouvernement. Désolé dêtre aussi incisif. Ce n’est pas un parent à moi. Encore moins Catherine ABENA. A l’heure où on parle, ATANGANA MEBARA a, lui aussi, fait un malaise et a été dépêché à l’hôpital Central de Yaoundé. On a envie de lui souhaiter de rester longtemps allité car nous, on ne voit toujours pas la couleur des CFA.

Photo Source: http://www.cameroononline.org/

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