Je préfère la tontine…

© image prise par Leo Lagrange

Combien de nos grands-mères ont un compte en banque ? Pas beaucoup me direz- vous. Nos grands –mères ne gardent pas leur argent à la banque, elles préfèrent  faire  comme à l’époque utiliser la tontine (cotisations entre particuliers) qui rapporte plus  vite et qui est plus gérable. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’héritage  de nos grand – mères perdure, les particuliers n’ont pas de réels griefs contre la banque, mais ils ont plus la culture de la tontine et du « matelas » pour garder leur argent.

De plus, les « braves gens » ont peur du système bancaire. Pour une personne ayant un niveau moyen et plongé dans la vie active, les modalités d’entretien de leur compte à la banque, sont trop compliquées pour eux.

Le phénomène s’explique peut-être  par le fait que les conditions pour être client de banque sont plutôt discriminantes pour la majorité des Camerounais. Oui, il faut que vous ayez un emploi stable et bien rémunéré idéal pour les fonctionnaires et les personnes évoluant dans le secteur privé, exit les débrouillards ! De plus, l’apparence compte beaucoup dans le domaine de la banque, on n’entre pas dans  une banque mal fagoté, ce n’est pas fashion police, certes mais il faut un minimum, nous ne sommes pas au beignetariat du coin.

De plus, les « braves gens » ont peur du système bancaire. Pour une personne ayant un niveau moyen et plongé dans la vie active, les modalités d’entretien de leur compte à la banque, sont trop compliquées pour eux, ils ont même l’impression que la banque leur prend tout leur argent. Sans compter, qu’en cas d’emprunt non remboursé ,la banque a les moyens  légaux plus drastiques ,pour leur faire payer leur écart de conduite, contrairement aux particuliers que l’on peut tourner pendant longtemps et pour qui on peut disparaître sans laisser de traces…

Le fait est que, la majeure partie de la population active du Cameroun fonctionne dans le secteur informel et de ce fait, ne peut être cliente des banques…Leur moyen d’épargne, bien que  vieux comme le monde est la thésaurisation (épargne  oisive vu qu’elle ne procure aucun bénéfice) communément appelée l’épargne du matelas, car oui nos frères du Mboa gardent effectivement leur argent sous le matelas, dans le plafond  ou même dans les murs ça dépend des préférences de chacun…

En fin de compte, le gars du Mboko, préfère la tontine de sa famille ou de son village ou encore son matelas pour économiser son argent  par rapport à la banque.

La tontine quant à elle est un moyen, plus sûr de produire des intérêts entre adultes consentants désirant réaliser des projets, avec leur argent. Si vous  êtes sceptiques par rapport au pouvoir de réalisation de la tontine, sachez qu’elle peut engranger des millions et des millions .En fait, vu que la cotisation dépend des moyens de chacun , on peut trouver des tontines en centaines de millions , voir en milliards et ce ne sont pas mes bien – aimés frères de l’ouest qui me contrediront sur  cette assertion. On se dit : «  pourquoi  allez à la banque , lorsque les conditions de remboursement peuvent être plus souples et plus gérables entre partenaires  en affaire ? » Sans oublier ,que les conditions à remplir pour obtenir un prêt bancaire sont des plus strictes et la procédure est longue si bien que si vous avez un besoin ponctuel, vous pouvez louper votre échéance à cause de la banque.

En fin de compte, le gars du Mboko, préfère la tontine de sa famille ou de son village ou encore son matelas pour économiser son argent  par rapport à la banque. Pour lui, ce sont les choses des bobos, où ses cotisations seront prises à la légère(en même temps, c’est vrai !). Même si il existe les établissements de microfinance qui sont ouverts au plus démunis, ne pouvant pas être accueillis dans une banque, il est clair qu’il préfère sa tontine. Vu que les établissements de microfinance n’ont pas toujours une gestion claire, nous nous rappelons de la COFINEST qui avait fermé  sans préavis, privant ainsi, des centaines voire des milliers de camerounais de leurs économies si durement amassées. Pour eux, le meilleur système est donc d’opter pour une stratégie simple, le gros de leur argent à la maison, une partie dans la tontine et enfin une autre  dans la microfinance (ce qui n’est pas toujours le cas, mais ça arrive de plus en plus).Hélas, ce système n’est pas sans faille, nous savons tous qu’en cas de braquage la première des choses que les malfrats demandent est l’argent liquide caché dans la maison… En clair, le dernier mot en matière d’épargne revient à chacun, il faut juste être sur du choix qu’on opère et l’assumer.

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