Yaoundé – Cité Verte

La SIC, le Business silencieux…

–  Je ne vois plus la famille X depuis, ils sont où ?

– Tu ne sais pas ?! Ils sont à l’étranger maintenant, il y a de nouveaux locataires…

– Ah bon ? Je  ne savais pas que le processus est si rapide.

– Tu ignores quoi ?

Un dialogue récurrent chez nous dans nos cités de logements sociaux pour les Camerounais actifs ou non. Des locataires peuvent occuper des appartements et en déménager, mais la SIC ne sera pas toujours au parfum de ce qui s’y trame… Oui, des familles peuvent se succéder dans des appartements, mais le nom inscrit sur le contrat de bail ne change pas, mieux il est purement et simplement oublié lors des transactions d’usage, pourvu que le numéro de porte corresponde…

Pourtant les conditions pour devenir un locataire à la SIC sont assez simples, en tant que personne active, vous avez droit à ces logements publics, vous devez juste constituer un dossier de candidature vous identifiant, renseignant la fonction que vous occupez et dans quel secteur vous exercez etc. Puis, dans les mois qui suivent vous devrez être contacté  sur les conditions d’accès  à votre logement…

Cette formule était très faisable en 1986, mais avec la quantité de fonctionnaire de plus en plus importante, sans oublier l’envol du  marché de l’immobilier, de nos jours c’est purement utopique. Depuis pratiquement 30 ans ces logements sont occupés, et savoir si un occupant va libérer provient du miracle, sans compter que la liste d’attente est vieille de plus de 10 ans, alors vous conviendrez avec moi que trouver un logement sans vous préoccuper du bouche à oreille est très improbable…  Les familles règnent dans les cités quoi qu’on en dise, certaines daignent libérer leur appartement pour occuper la maison de rêve qu’elles ont construite entre autres, ou encore pour un déplacement définitif. D’autres même si elles le libèrent, s’assurent de se faire remplacer par des parents ou amis, ou encore des « clients » qui auraient négocié le prix fort pour occuper l’appartement (une transaction qui s’évalue généralement en millions)…

On entre donc dans un cercle vicieux, où « ceux qui étaient là avant » font tout pour rester le plus longtemps possible, même si il s’agit d’un logement appartenant à l’Etat. Pourtant, il y a bien possibilité d’achat de ces logements par leur locataire, pour qu’ils en deviennent propriétaires dans les règles de l’art. Malheureusement peu de personnes optent pour cette option,  la plupart préfère se léguer le studio/appartement/ maison comme un héritage familial qui n’est autre que la propriété de l’Etat.

Face à de tels comportements le système en place est impuissant, et aucune mesure légale ne peut condamner ce type d’occupation. Les seules conditions qui justifient un contrôle des autorités compétentes, sont des retards de paiement dans le loyer, et des dénonciations relatives à l’identité réelle des occupants d’un foyer. Et il va sans dire qu’en cas de dénonciation, les comptes seront réglés silencieusement parce que s’il y a bien une chose sûre chez nous, c’est qu’on retrouve toujours le point de  départ de « toute fuite »…

Que reste-t-il donc  aux jeunes actifs en besoin de logement, Me direz- vous ? Dans cette conjoncture actuelle où le marché de l’immobilier a explosé et où il est si difficile de trouver un « chez-soi », Notre Société Immobilière du Cameroun (SIC) s’efforce tant bien que mal de créer de nouveaux logements pour les jeunes actifs, répondant aux normes actuelles… Cependant, nos chers camerounais fraichement actifs doivent s’efforcer de trouver des logements adaptés à leurs besoins qu’ils viennent de l’Etat ou de particuliers. Comme on dit chez nous,  « il faut provoquer la chance !». Les nouveaux logements ne sont pas encore prêts à recevoir leur occupant dans la plupart des cas, certains  sont  mêmes encore  uniquement sous forme de projet …

En clair, la possession d’un logement à la SIC est un club très select pour des personnes extérieures. Cependant, si vous tenez vraiment à y posséder un logement, vous vous devez de garder les yeux et les oreilles ouverts… Comme le dit le proverbe, « ce n’est pas au vieux singe qu’on  doit apprendre à faire la grimace ». En gros, libre à vous d’effectuer, ce parcours semé d’embuche ou pas, de toutes les façons c’est vous qui avez le dernier mot.

Photo Source: http://www.cameroon-info.net/

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