Camerounais

Le Clash : pour ou contre le tribalisme

Tribalisme ? Aussi pitoyable que du racisme ou de la xénophobie !

 


Non au tribalisme
via tchadonline.com

Je suis un jeune de ce pays, de ce continent , de ce monde et  nous sommes en 2015. Il est triste de réaliser qu’à l’heure de la mondialisation, le tribalisme fait toujours rage chez nous comme si le combat contre lui est sans fin. Je ne peux me résoudre à comprendre mes frères et sœurs issus du même pays que moi,  jeunes comme moi, porter les valeurs tribalistes en étendard. « Je n’aime pas les Bassas, ils sont mauvais ! Les Bamis m’énervent ils sont trop intéressés, les Nkwas sont sauf que trop sauvages, ils ne sont pas épousables ! Les Sawas sont trop paresseux, ils ne produisent pas, les Nordistes sont trop sournois, le couteau caché dans le boubou et les anglos ce sont les anglos… » ( on ne sait même pas ce qu’on reproche à ces derniers en fait).

Pourquoi ne pas essayer de connaître une personne avant de la classer selon les critères qu’on nous a distillés ?”


S’alignant de manière moutonnière aux préjugés établis par grand père et grand-mère, on se complait dans cette haine gratuite dont ne connait ni l’origine, ni les fondements. «  En cas de poste à pourvoir je préfère prendre un de mes frères au moins avec lui je sais… » Oui chez nous, certaines boîtes reflètent, soit l’ethnie, soit le village du DG, on ne se demande pas pourquoi, mais on sait une  chose… Ce n’est pas pour autant que le « train ne déraillera pas si il doit dérailler ».  Ce manque d’ouverture et d’accueil  envers les autres est un frein au changement  et à l’unité entre nous. Le fait que le tribalisme est un frein social, les gens se tolèrent à peine et ne s’acceptent pas, pourquoi ne pas essayer de connaître une personne avant de la classer selon les critères qu’on nous a distillés ? Pourquoi ne pas accepter les amitiés ou les relations entre les soi- disant incompatibles depuis la nuit des temps ? Pourquoi ne pas essayer de connaître la culture de l’autre avant de la juger hâtivement ?

Toutes ces questions, je vous les pose et vous demande en toute franchise les avez-vous faites avant de vous faire un avis sur une ethnie ou une autre ? Si oui, et vous demeurrez dans l’optique du rejet des autres ce qui est dommage. Si non, n’attendez plus , l’enrichissement culturel est juste à quelques pas de vous.

Anderson

 

Donc vous êtes tribaliste. Et alors?

 

Ma Tribu
Ma tribu
via www.hiphopfranco.com 

Je commets de plus en plus de digressions ces derniers temps et j’avoue que je m’en préoccupe comme de l’an … quarante. En fait, au Cameroun, on est tribaliste et ce, à divers degrés. On nous assènera diverses raisons, pour faire dans le politiquement correct, que “c’est pas bon, le tribalisme”. Et pourtant…

 

Le “politiquement correct” n’existe pratiquement pas au Cameroun.

 Si on vous assure que le tribalisme est, de façon grossière, le fait de mettre en avant une certaine tribu au détriment des autres et de fait, disqualifie les autres, alors oui il freine l’unité nationale. Cependant, il ne faut pas perdre de vue qu’au Cameroun, tout se passe par corporation. Je pèse mes mots et j’assume. Vous êtes des grassfields? Il y a de fortes chances que vous ayez la bosse des affaires. Vous êtes Betis? Vous avez le sens de la “tchatche”, tandis que les Sawa auraient le goût pour le savoir-vivre, pour ne citer que ces exemples. On s’affilie selon les personne qu’on connaît et quoi de mieux que les liens de sang ou la parenté tribale ? Non, ne hochez pas encore la tête en signe d’assentiment.

 

On s’affilie selon les personne qu’on connaît et quoi de mieux que les liens de sang ou la parenté tribale ?


 

Il vaut mieux rester avec le diable qu’on connaît que celui dont on ignore tout.

L’ Autre restera toujours une grosse inconnue pour nous. Aucun être humain n’a le don d’ubiquité ou cette fantastique habileté de lire dans les pensées d’autrui. Alors, on s’arrange à avoir sa parenté tribale près de soi car au moins, on sait nos tares mais aussi nos qualités. Par ailleurs entre “frères”, il est plus aisé de serrer les coudes et de faire front face à l’adversité. La pression sociale demeure forte au sein du groupe et au moins, la honte dans ce cas précis, à défaut de tuer, annihilera quand même certaines velléités malhonnêtes. Je ne vous apprendrai rien car si votre frère/ sœur est “en haut”, alors vous aussi.

 

Cette histoire d’équilibre régional…

 

Tribalisme d'état
L’équilibre régional
via Ecovox 

 

Au Cameroun, on compte plus de 200 langues tribales. Plus de 200. Rien que ça. Vous pensez honnêtement que cela n’encouragerait pas une forme de compétitivité saine? Lorsque j’ai pris certains exemples plus haut, c’est pour montrer que la compétition c’est sain car nous restons complémentaires. Se limiter à la fameuse représentativité régionale met carrément en berne nos génies les plus compétents et favorise même, l’engloutissement d’un Cameroun qui se veut émergent. Je ne veux indexer personne en particulier mais essayez un tout petit peu de présenter le concours de l’ Ecole d’ Administration pour voir. Que vous soyez Bulu ou Bamiléké  avec un QI de 160, vous ne pourrez faire face au premier d’une région comme l’Est par exemple (QI = 83). Vous êtes vaincus: ce dernier sera privilégié. De quoi maudire l’activité politicienne camerounaise.

Tout le monde aspire à un minimum de confort et veut se dorer la pilule au soleil. Bien entendu, cela implique parader et assurer que la tribu vous considère comme “digne ressortissant de”. Au demeurant, ne perdez pas de vue qu’on tend à se métisser de plus en plus au pays et il faut que la culture perdure. Quoique vous fassiez, à la lutte culturelle vous ne pourrez point échapper.

Christian M.

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