Family

Les autres et moi.

L’enfant reste au centre des préoccupations de l’Africain. Il faut en avoir, sinon on n’est pas un homme. Il faut en avoir, sinon on est une sorcière qui avale les enfants. Le folklore africain, et camerounais en passant, regorge de plusieurs légendes sur les personnes sans enfants. Alors, on en fait. Il faut « prouver ». Seulement, au contact des autres cultures de nouvelles données rentrent en jeu, parmi lesquelles l’aspect purement économique : l’argent. Le mariage acquiert une nouvelle saveur et l’enfant, né d’un précédent mariage ou hors mariage, goûte l’amère joie de savoir ce que c’est que vivre dans une famille recomposée. Nous avons fait le tour dans quelques foyers dits « familles recomposées » pour avoir les avis des plus petits.

Ils restent mes frères et sœurs.

Emile, 9 ans, est étonnamment  mature pour son âge. Sa mère est à son deuxième mariage et lui a donné jusqu’ici, deux frères et une petite sœur. « Moi, je n’ai jamais compris pourquoi on dit demi- frères ou demi- sœurs. On a appris les fractions à l’école et jamais la maitresse (institutrice, ndr) ne nous a appris qu’on pouvait avoir une moitié de quelqu’un, et la personne reste en vie ». De fait, il y a de quoi avoir cette confusion. On n’aime pas à moitié. Soit on aime, soit on n’aime pas. Ou alors, on reste indifférent. Seulement, il s’agit des liens familiaux. Et c’est compliqué, d’expliquer à un enfant pourquoi ses petits frères sont des moitiés pour lui et vice- versa. Le sang dans ce cas, ne doit pas couler, c’est mieux ainsi.

Le doublage qui trouble.

« Moi, j’ai deux papas, deux mamans. Et deux chambres, deux sœurs chez maman, deux sœurs chez papa. Tout est deux- deux » Aymonne, 8 ans  a l’air ravi. Elle est la dernière de son père, et l’aînée de sa mère. Bien sûr, elle passe son temps, partagée entre les domiciles de ses parents et ses rôles. Choyée d’un côté, « petite maman »  de l’autre. « Chez papa, je me repose. On s’occupe de moi, je n’ai pas de soucis. Ma mère de là- bas m’aime bien : elle dit que je suis sa dernière. […] Chez maman, je suis la grande : Ornella et Dominique mes petites sœurs, sont mes « poupées »… Cela peut perdre plus d’un mais Aymonne a choisi de faire dans la simplicité. Elle est enfant adultérin aux yeux de la loi, et les adultes ont choisi de régler cela entre eux, sans la mêler aux conflits. Elle suit des règles bien établies par les deux couples et manifestement, c’est une enfant équilibrée car elle est aimée de part et d’autres.

Mais ce n’est pas toujours si simple…

Le cas d’Eric est moins gai. Il a 28 ans et nous raconte, avec le recul, son expérience d’  « enfant- pôle » : « Chez mon père, je suis le benjamin et l’aîné de ma mère. Maintenant qu’elle s’est remariée après le décès de mon père, je me retrouve avec 2 grands frères, 1 grande sœur que le père de mes 5 autres frères et sœurs a ramené dans son bagage. Le souci n’a pas été les autres enfants car j’étais bien conscient que je devais me faire une place. Mais plutôt, la famille de ma mère : ils ne voulaient pas que mon beau- père (le père de mes petits frères et des 3 autres enfants). J’ai été utilisé comme moyen de pression pour remettre à plus tard ce mariage. » Ce qu’on comprend, dans la suite de son récit nous édifie : la famille de la mère a profité de la naïveté du garçon pour le monter contre les enfants du nouveau père et le conjoint de sa mère. Au final, la famille a connu plus d’un remous et a toujours été au bord de l’implosion car les parents ne comprenaient  pas ce qui se passe. Il a fallu qu’Eric apprenne à voir où se trouve son intérêt pour que la famille retrouve un semblant d’équilibre.

Famille recomposée, famille à problèmes ? On s’accorde à dire non, tant que les parents veillent à ce que l’éducation donnée aux enfants soit la même et que les personnes «  qui nous veulent du bien »  ne sont pas toujours ce qu’on croit. Cela n’empêche qu’on tombe sur des cas de refus catégorique car après tout, les enfants ont aussi leur mot à dire.  On comprend pourquoi certaines personnes gardent leurs enfants dans le cocon familial. Et vous, que feriez-vous en tant que parent ?

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