Bonbon_Promo

“Mollah… Tu n’as pas un bonbon pour moi?”

“Un bonbon?”, je fais, stupidement. “Oui, un bonbon. Un préservatif”

Cette phrase, non, cette question a de quoi déstabiliser à minuit. Attendez que je vous restitue le contexte. Je vis avec mon frère dans une banlieue de Yaoundé et le soir, quand nous n’avons aucune visite, chacun regagne ses appartements privés, une fois que le repas est avalé. Donc, minuit. C’est la nuit, on dort. Du moins, moi je dors dans ma chambre. Quand ma porte s’ouvre et que mon frère surgit avec, pour tout vêtement, un boxer enfilé à la hâte et me demande: “Mollah! Mollah!… [là, croyant qu’il y a le feu au lac, je me réveille en sursaut] tu n’as pas un bonbon pour moi?” Là, je me dis, “J’hallucine, je vais me réveiller soon”. Mais non, la vision pas très réjouissante de mon voisin d’habitation continue, sur un ton où se disputent l’exaspération et l’empressement: “c’est urgent, fais vite”.

D’accord. C’est quoi cette histoire de bonbons la nuit? Et puis, pourquoi est-ce si urgent?

“Un bonbon?”, je fais, stupidement. “Oui, un bonbon. Un préservatif”, continue cet empêcheur de dormir tranquillement par une nuit si fraîche d’août. Alors je capte: bonbon = préservatif. Machinalement, je désigne le chevet de mon lit en me promettant de tirer cette histoire au clair le matin. Sauf que lorsque ma porte se referme et que j’entends des gémissements suspects, quatre minutes après un “merci” à peine murmuré, je réalise qu’il y a un épisode que je viens de rater. Le sommeil me déserte.

Alors je capte: bonbon = préservatif.


Pourquoi appeler le préservatif masculin, le bonbon? Tout de suite, ça cogite ferme dans ma tête. Bonbon, préservatif. Qu’ont-ils en commun? Deux heures plus tard, je trouve deux points communs:

1. Le préservatif et les sucettes

communément appelés bonbons au Cameroun, ont en commun cet emballage qui fait beaucoup de bruit quand on le défait. Je vous épargne maintenant le côté bariolé de la protection du produit. J’entrevois par ricochet le parfum car oui, on utilise aussi les préservatifs parfumés à la vanille, à la banane, à la fraise, à la menthe … comme les bonbons.

2. La notion de plaisir.

Si l’un procure un plaisir gustatif, l’autre … eh bien… procure un soulagement certain dans cet assouvissement sexuel. Pour l’homme, dans les deux cas, c’est forcément agréable. Pour les femmes, je ne sais pas trop. De là, arrive cette double conclusion.

Il est de plus en plus accepté, dans la société camerounaise et après quelques négociations entre les deux partenaires, que la bouche est aussi un organe sexuel. D’où l’usage des préservatifs fruités ou parfumés.


Le Camerounais peut être soucieux du bien- être de son ou de sa partenaire. En choisissant en effet d’utiliser un préservatif parfumé, il assure la protection de la personne avec qui il partage ses ébats amoureux, en plus de se faire plaisir à travers des jeux érotiques qui quittent le domaine de la traditionnelle position du missionnaire. Par ailleurs, dans le principe des jeux sexuels, il est de plus en plus accepté, dans la société camerounaise et après quelques négociations entre les deux partenaires, que la bouche est aussi un organe sexuel. D’où l’usage des préservatifs fruités ou parfumés. Notamment dans le cadre de la pratique du fellatio. Tout à l’honneur et au bonheur du monsieur.

tim-cook
Un préservatif parfum framboise.
Trojan condom

Maintenant, revenons à mon histoire. Ce que j’ai oublié de vous dire, c’est que l’accès à notre appartement n’est pas aisé car il se trouve à l’entrée de la ville, dans une zone résidentielle. A priori, pas de taxi après une certaine heure donc. La petite amie de mon frère est à l’autre extrémité de la ville. Quand est-elle arrivée ici? Et surtout, je sais qu’elle est sûrement arrivée seule, bravant les dangers d’une agression. Comment je le sais? C’est moi qui ai éteint les lumières, plus d’une heure après que mon frère se soit retiré dans sa chambre.

Alors je vous demande: jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour pouvoir utiliser le “bonbon des grands”?

 

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