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Mon mari est mort, je dois mourir avec lui !

Pour la femme, il s’agit d’un ensemble de violences physiques, psychologiques et économiques subi par celle-ci pendant les obsèques et après, comme pour la punir du décès de son époux.

Alors qu’elle n’était qu’une enfant, elle subissait toute sorte de pression de la part de ses parents (sa mère). Elle devait être debout plus tôt, travailler plus que les autres (les garçons), s’attarder sur son apparence et surtout se focaliser sur son futur mariage. Quand venait celui-ci, les choses devenaient encore plus difficiles. En dépit de la joie de donner naissance à une progéniture, elle se faisait torturer, battre et tromper sans compter la pression que lui infligeait sa belle famille. Maintenant, elle est devenue veuve…oui veuve ! Elle est attristée par la perte de son mari, par la lourde charge d’élever toute seule ses enfants. Va-t-on enfin la laisser tranquille? Bien au contraire…

Elle devra subir des rites de veuvage. Il s’agit d’un rituel composé d’un ensemble de pratiques qui sont infligés au survivant dans un couple lorsque l’un des conjoints décède. Ces rites sont pratiqués aussi bien chez l’homme que chez la femme. Cependant, ceux réservés à l’homme représentent la victoire de la vie sur la mort et préparent le veuf à une nouvelle vie sans sa compagne disparue. Pour la femme, il s’agit d’un ensemble de violences physiques, psychologiques et économiques subi par celle-ci pendant les obsèques et après, comme pour la punir du décès de son époux.

Elle a déjà perdu son mari et elle devra se battre toute seule pour élever tous ses enfants. Si ça ne s’appelle pas « souffrir » alors je ne sais pas ce que signifie ce mot.

La veuve subit des bains glacés très tôt le matin, dans des marigots à l’hygiène douteuse. Elle se dénude devant des inconnus, hommes et femmes, violant ainsi son intimité. Il lui est également demandé d’uriner en public dans un trou. Au cas où elle n’y arrive pas, cela signifie qu’elle est responsable de la mort de son mari. Elle peut passer plusieurs jours sans se laver et ne manger que lorsqu’elle a reçu l’autorisation des officiantes. De plus, elle devra dormir à même le sol et sauter au dessus du feu. Pire encore, il arrivera parfois qu’elle épouse un des frères de son défunt mari

C’est à peu près comme ça que se passent les rites de veuvage au Cameroun. Face à cette description, la plupart des Camerounais pourraient passer pour des psychopathes en puissance. On aura beau évoquer le désir d’aider la femme à se réorganiser après le décès de son conjoint qui, dans la famille, jouait un rôle central mais je continue de dire qu’on ne souffre pas pour souffrir. Elle a déjà perdu son mari et elle devra se battre toute seule pour élever tous ses enfants. Si ça ne s’appelle pas « souffrir » alors je ne sais pas ce que signifie ce mot.

Je serais incapable de dormir à même le sol, de me laver avec de l’eau d’une rivière ou de marcher sur du feu et je suis persuadé que très peu de gens en sont capables. Je trouve donc inconcevable de faire subir de tels supplices à cette veuve, à ces veuves.

Arrêtons de faire souffrir nos mères, nos sœurs et nos filles pour rien.

On aime bien parler en Afrique de famille élargie. La preuve quand il s’agit d’événements heureux tous les membres de cette famille élargie veulent avoir quelque chose à dire ou plutôt quelque chose à se mettre sous la dent. On s’efforce donc toujours de tous les satisfaire. Mais pourquoi je n’arrive très peu à ressentir le poids de cette famille africaine dans ces rites de veuvage ? Pourquoi les familles des veuves s’opposent très peu à ce rituel qu’on fait subir à leurs sœurs et filles ? Je suis désolé mais c’est aussi à ça que sert une famille. La veuve est très souvent incapable de se défendre elle-même. Avec le décès de son mari, elle est rentrée dans une espèce de léthargie. C’est donc à vous de parler pour elle.

Très chère belle famille, vous aimez bien répéter à qui veut bien l’entendre que l’homme doit se détacher de sa famille et s’attacher à sa femme. C’est donc avec elle qu’il construit sa vie et ses biens. Pourquoi voulez-vous donc jouir de ces biens à la place des concernés. Construisez-vous des vies et tout le monde s’en portera à merveille et il y aura très peu d’ingérence.

Arrêtons de faire souffrir nos mères, nos sœurs et nos filles pour rien. Leurs maris sont morts mais elles ne le sont pas. Ne les tuons pas !

 

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