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SFCF : Sans Foyer Conjugal Fixe

Tout récemment je me suis rendu au mariage d’une très bonne amie à moi, Jessica, qui épousait Samuel, un joli couple qui semblait réellement heureux de ce qui lui arrive. Mais moi je suis du genre à voir le verre à moitié vide,  alors je n’ai pas pu m’empêcher de me demander où ces tourtereaux allaient résider, oui c’est le genre de question à se poser lorsqu’on sait que Jessica vit au Canada, et son conjoint (désormais époux !) vit lui en France, les deux ont chacun un emploi sous contrat, avec des revenus et des perspectives intéressants. Je « prends mes responsabilités » et vais me renseigner à la source ! Là c’est la partie du film où Jessica m’apprend (en affichant ce qui est jusqu’ici son sourire le plus large que j’ai jamais vu) qu’elle ne compte pas quitter son emploi et son désormais époux non plus, qu’ils vont s’organiser afin de pouvoir se voir un minimum de deux (02) fois par mois. Mes responsabilités et moi retournons nous rassoir à notre place, un peu choqué je dois le dire, parce que je ne comprends pas,…en fait dans ma tête d’africain à la mentalité un brin rétro, lorsqu’on se marie c’est qu’on est enfin prêt à vivre ensemble, à cohabiter pour le restant de ses jours ! Alors est-ce que ces jeunes sont sérieux ? Je veux dire ils ont même bien pensé l’affaire ci ?

Parce qu’à mon avis, peu importe l’angle sous lequel on analyse la situation quelque chose coince : ils vont faire comment avec la fréquence du « devoir conjugal » qui est censé s’accroître une fois que l’on est marié ? Ils vont élever les enfants dans ces conditions-là ? Sans compter que financièrement ces aller-retour, eh bien c’est leur portefeuille qui va les sentir passer,… Toutes ces questions me nattent les neurones pour rien,  je m’apprête à lâcher l’affaire en me disant que les « mbenguistes » de chez nous ci deviennent même parfois plus blancs que les blancs ! Et là je me souviens que ce n’est pas une affaire de « mbenguiste »,  puisque j’ai moi-même dans ma famille, un cousin qui est marié à sa femme depuis quelques années déjà mais les deux n’ont jamais résidé dans la même ville, ils ne se retrouvent très souvent que les week-ends (quand ils le peuvent d’ailleurs). Ce n’est donc pas une affaire de « mbenguiste », ce n’est pas une affaire d’ethnie non plus vu que mon amie Jessica et son époux sont Bamiléké (la place importante que la cohésion sociale et familiale tient dans cette ethnie, aurait pu laisser penser que de tels foyers ne sont que des cas marginaux chez eux) ; donc si les réponses à mes préoccupations ne se trouvent pas de ce côté-là peut-être qu’elles sont dans le fait qu’avec la modernité et la rudesse de la vie, le « vivre en couple » est devenu une variable à plusieurs modalités.

En effet, trouver un travail, dans le contexte actuel relève tellement du miracle que lorsqu’on finit par mettre la main sur un emploi, l’abandonner au nom de l’amour, ne semble pas  envisageable, d’autant plus que l’amour lui-même est devenu très perméable aux « intempéries », donc plus fragile. On peut  dire que le système  « V » pour voyage s’invite dans la vie conjugale, et semble être une alternative sur laquelle se replient les couples qui ne peuvent réellement pas prendre le risque de perdre sur les deux tableaux (ou qui ne veulent pas perdre sur l’un des deux tableaux : si je ne peux choisir alors je prends les deux !), ce qui fait donc que ce mode de vie n’est plus très rare, même dans le contexte africain.

Personnellement je n’ai pas d’informations sur la durée de ce genre d’union, mais je note de manière tout à fait empirique, que ce sont généralement des situations transitoires, vu que ces couples rejoignent généralement le schéma classique (cohabitation conjugale), situation idéale à mon sens, surtout lorsque des enfants entrent dans l’équation.

Photo Source: http://www.josimarie.com/

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