Street_Art Yaoundé

Yaoundé, l’impudique ?

*Sur un air de chanson du très célèbre Tala André Marie *

 « Je vais à Yaoundé é é é la capitale

Yaoundé la capita- a-a-le du Cameroun »

Bon, j’arrête les frais là. Déjà je n’ai pas une belle voix, mais en plus le souffle me manque. Yaoundé, capitale politique du Cameroun et siège de nos institutions. Yaoundé, ce chez- nous avec son climat qui fait des siennes en cette fin de mois d’août si gris. Yaoundé, la ville aux 7 (sept) collines, quoique ! Yaoundé et ses habitants bien plus policés que ceux de Douala. Yaoundé la belle… Stop, il y a comme un hic. Yaoundé, une ville belle ?!? Avec ses lézardes et ses rues sales? Yaoundé et son urbanisation … qui laissent à désirer comme bien d’autres villes d’Afrique Noire ? Et les récriminations ne cessent de s’égrener en un chapelet qui fait tellement cliché. D’accord, Yaoundé c’est vieux et sale. Ne faites pas attention à moi, je suis une véritable langue de vipère. A l’heure où je rédige ceci, je suis posé sur un muret du palais des Congrès, qui surplombe la ville, ou presque.

Ce palais vient de refaire ses façades à neuf. Entendez, la peinture a été rafraîchie. Du coup, j’ai une folle envie de savoir si nous, Yaoundéens, n’avons que cette vue sur la misère environnante qui se maquille sous ces coups de pinceaux impersonnels. L’ocre de la rouille est la vue de dessus et les murs sont des plus bigarrés. Je tourne le dos à Bastos et je rentre chez mes parents à la cité verte. De vert, elle n’a que le nom. Les immeubles y sont, tels des arbres desséchés et blanchis par les intempéries ; au moins ses rues sont goudronnées. Cependant j’aime ma cité.

 Arrivée par Madagascar.

Dans le taxi, mon regard vide d’images déjà courues d’avance, ne capte qu’au dernier moment une anomalie au niveau de l’hôpital. Les bâtiments d’en face changent de vêtements ! Je demande l’arrêt et règle ma course. Je reviens sur mes pas et observe bien en face cette explosion de couleurs qui, même si elle est en chantier, me ravit.

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Comprenez- moi : en dehors d’une certaine banque d’Hippodrome, je n’avais jamais imaginé que cela pourrait s’étendre aux bâtiments d’habitation. Je me rapproche et me hâte de garder en mémoire ces images évocatrices du mboa qui donnent, le temps d’une façade, l’impression infime que rien n’est figé, rien n’est vieux, on entretient, on fuit la décrépitude du bien immobilier. On se soucie du beau et de donner de la vie. Les jeunes gens que je vois s’y afférer m’informent de ce que c’est : un projet participatif d’embellissement des immeubles, payé par les habitants des lieux.

, je tique.

Et je réalise que ce type de projet est en passe de devenir monnaie courante depuis la rue de l’Art, cette espèce de couloir qui relie désormais l’Avenue Kennedy au Boulevard du 20 Mai situé entre l’Institut Français du Cameroun et un magasin d’électroménager, avec des messages qui illustrent le besoin de donner une âme à la ville. A cette rue, un tableau m’interpelle particulièrement, 

Street_Art Yaoundé

parmi les autres qui constituent un véritable show room en plein air, l’odeur peu engageante en plus. De part et d’autre, les murs sont enjolivés, agrémentés de dessins et chose bien curieuse qui vaut la peine d’être mentionnée ici, pas de traces d’urines sur les murs malgré l’odeur qui prouve le contraire !!!

Street_Art_Yaounde_Downtown

 Art_Yaounde_Downtown

Il appert que c’est un projet conjoint de la Communauté Urbaine de Yaoundé et l’Association Culture Tout Azimute. Je passe là, content avec l’envie de crier que Yaoundé est quand même une ville culturelle !!! L’odeur ne me décourage pas, loin de là : cela rejoint ce que je nomme la couleur locale et je pardonne. D’abord les murs, on verra la suite après. C’est déjà un début non négligeable surtout  que j’apprends avec effarement que non seulement on veut faire face à  l’insalubrité qui fait mauvaise presse à Yaoundé, mais aussi que ces tableaux exposés ainsi, seront changés de façon périodique. C’est un espace pilote et je suis invité à faire un tour à l’Université de Yaoundé I.

 Très simple à vérifier : un taxi et me voilà. A la Cité Universitaire, le long du mur du restau, une très longue fresque constituée d’une succession de tableau les uns imbriqués dans les autres me laisse baba.

St_Art

Du vieillard, puits de sagesse aux autres tableaux, sur ce mur que j’ai connu moche et hideux s’enorgueillit d’avoir fait peau neuve et… de l’avoir conservée.

… Il s’agit ici de l’œuvre des membres du Club d’Arts Plastiques de ladite université. Ainsi, nous avons effectivement des talents et la Faculté des Arts marche ?!!! De fait, ce que je déplore tout de suite, c’est que ce soit caché, car inconnue du grand public en dehors des étudiants eux-mêmes et du personnel universitaire.

Au moins, on a une grosse impression de propreté et de quiétude. Ceci est un projet destiné à s’étendre, paraît- il. Nous attendons, avec impatience mal contenue, que Yaoundé nous  offre ses plus beaux atours pour vêtir la nudité de ses murs et qu’on puisse y lire une évolution socioculturelle. Le métier d’artiste- peintre serait-il entrain de se tailler une part belle dans l’évolution anthropologique de la cité capitale ?

 

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