Mon Cameroun

Tellement contrasté, mon Cameroun à moi.

Quand on me demande de parler de mon Cameroun, je suis du genre à m’agiter. D’excitation et de malaise aussi : ce que je vis a tellement de nuances que je ne sais par où commencer pour en parler. Au moment de la rédaction de ceci, j’ai eu envie de rédiger un poème mais j’ai des doutes sur le rendu. Et pourtant…

Seule, la couleur de l’espace sur lequel on circule change, mais ça fait partie du Cameroun.

Mon Cameroun à moi, ce sont des routes.

Bitumées ou pas, elles illustrent parfaitement mon mode de vie très nomade. Je suis enseignant, non loin de Yaoundé, la capitale. A 67 km exactement et pourtant, que de changements ! En ville, c’est le goudron avec ses nids de poules voire de dinosaures.  À mon lieu de service, c’est la terre battue, plus ou moins aménagée. Le plus surprenant reste leur facteur commun : elles gondolent. Je veux dire, peu importe le type route que vous empruntez en voiture, vous aurez votre acompte de secousses. Mais j’aime ça. Seule, la couleur de l’espace sur lequel on circule change, mais ça fait partie du Cameroun.

Mon Cameroun à moi, ce sont mes élèves.

Au village, comme j’aime le dire, la voiture n’existe pas ou presque. Les élèves font des kilomètres à pieds pour venir suivre des cours dans des salles souvent… vides de leurs enseignants. En ville, les salles sont toujours trop pleines. Et certains enfants ne conçoivent pas la vie sans voiture. Ils savent leurs droits et en abusent parfois. Cela ne veut pas dire que les enseignants se laissent faire. C’est tout un manège. Les parents avec leurs adorables diablotins d’un côté, les enseignants de l’autre. C’est un véritable ho- hisse psychologique et bien sûr, il ne faut pas craquer.

Personnellement, je trouve que je travaille dans un endroit idyllique, sans effectifs qui me font craindre les évaluations autant que mes élèves. Avec des parents reconnaissant du travail qu’on accomplit auprès de leurs enfants.

Mon  Cameroun à moi, « ça clashe ».

Dans le silence assourdissant des pensées faces aux injustices, dans l’anonymat des discussions en réalité virtuelle et des clavardages, on échange, on fait et défait le monde au gré de ses envies. On hoche des épaules, pas parce qu’on s’en fout mais parce qu’on méprise très souvent notre vis-à-vis assis derrière son bureau, stylo à la main. Au Cameroun, dans mon Cameroun à moi, on sait pousser des coups de gueule face à Boko Haram, tout comme on sait se taire car « trop parler instruit les idiots ». Alors, le stoïcisme face à certaines situations qui vous révoltent, je le comprends.  Mais c’est mon Cameroun et tous les mots du monde ne sauraient définir mon quotidien. Saurez- vous m’aider à énoncer les nuances du vôtre ?

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