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Le Clash : pour ou contre la casse de « Mini-ferme » à Yaoundé

« Mini- Ferme » : une occupation archaïque de l’espace.

Je sais,  « Mini- Ferme » est l’un des endroits à visiter quand on est à Yaoundé. C’est animé, plein de lumières, c’est l’endroit qui allie les « 3 B » : Bière-Braise-Baise. Cependant ce tronçon de trois à quatre cent mètres mérite qu’on repense son ergonomie. Il faut raser Mini- Ferme pour viabiliser l’endroit. Déstructurons les “3 B” qui font son charme :

  • Qui dit bière, dit bar et affiliés. La concentration  au mètre carré des débits de boissons le long de cette artère défie l’entendement. Si seulement on ne se limitait qu’aux dénominations les plus fantaisistes, ce serait supportable. Le hic, est qu’en bordure, il y a des rigoles. Ce sont de véritables urinoirs à l’air libre dont la puanteur infecte manque d’asphyxier le consommateur éméché sinon le piéton.

    Le bar
    À  « mini-ferme » , tout comme à travers le Cameroun, les bars sont pleins du matin au soir.
    Photo © Africa Presse

  • Sur cet espace insalubre, sur quelques morceaux de planches mal équarris, on y « braise » la bouffe : poisson, porc et plantain font le bonheur de certains. Dans des barbecues de fortune, à moins de 50 centimètres du sol. Comme si la saleté entassée et l’urine qui fermente constituent nécessairement ce que la croyance sociale appelle le … « pittoresque » du lieu. Malheureusement, je refuse de vous dire ce qui grouille en termes de faune. Les services sanitaires y sont interdits d’accès. Le CHU n’est pas loin d’ailleurs.
  • Baise : ne rougissez pas. Je suis cru, c’est fait exprès. A défaut de s’intéresser à la faune grouillante et rampante, parlons en effet de la faune humanoïde. Mini- Ferme est un haut lieu de prostitution de bas étage. La passe se fait dans les conditions les plus sordides qui renvoient l’Homme à son expression la plus primaire. Pour 200  francs au moins, vous avez l’heur de jouir des charmes d’une belle de nuit et choper une IST/MST et, extrapolons, le VIH/SIDA. Et là, vous allez à l’envers du décor qui ne vaut guère mieux que la façade.

    fille de joie
    Jour comme nuit, les filles de joie occupent les rues de mini-ferme à la recherche de client. Ici la passe ne va pas au-dessus de 1000 FCFA.
    Photo © AIDS ACODEV Cameroon

Au réveil, en journée donc, vous vous retrouvez donc dans un méli-mélo de cases. Par bonheur, un rayon de soleil vous permet d’avoir une vue sur la misère environnante. Pas de plan d’urbanisation, des toits couverts de rouille, cette petite odeur infecte et persistante due à la promiscuité ; et surtout, vous réalisez en sortant que vous avez échappé par miracle aux agressions. Surtout, ne regardez pas  les mines patibulaires des jeunes gens qui jouent les caïds du coin. Appliquez- vous à vous extirper de ce labyrinthe sain et sauf. Une fois en sécurité dans un taxi, vous pourrez aisément réfléchir sur la nécessité d’urbaniser cet endroit, d’en faire un endroit humain.

Christian M.

« Mini- Ferme » : un mal nécessaire

« Mini ferme » ;  On connaît tous mini ferme, si on en a pas encore expérimenté les spécialités locales, on a déjà tous entendu les divers des gens qui les ont expérimentés. Mais il s’agit de quel « mini-ferme » ? « Mini-ferme  du jour », quartier populaire, véritable village dans la ville, ou le « Mini-ferme  de la nuit », centre commercial du sexe à ciel ouvert, où,  peu importe votre type d’appétit il y’a des chances que vous trouviez quelque chose à vous mettre sous la dent de ce côté  de la ville ?

Nous nous baserons notre developpement sur le “Mini-ferme de la nuit” mais en réalité, peu importe de quel mini-ferme il s’agit, avant de répondre à la question de savoir si « mini-ferme » doit être détruite ou pas, il faut d’abord se demander si « mini-ferme » a une fonction,  un rôle à jouer dans le maintien de l’harmonie et de la cohésion sociale de notre cité capitale. Ce à quoi nous répondons par l’affirmative, ceci pour trois principales raisons :

  1. Premièrement toute ville bien urbanisée obéît à une logique de spécialisation des espaces, et  des quartiers, c’est-à-dire qu’il doit y avoir des quartiers pour s’amuser, des quartiers administratifs, des quartiers résidentiels, des quartiers commerciaux ; si l’on se fie à cette catégorisation « grossière » mini ferme appartient à la catégorie des quartiers de divertissement donc mini ferme a bien sa place dans l’espace urbain Yaoundéen.
  2. Deuxièmement, « Mini-ferme »  est comme nous l’avons dit plus haut, un centre commercial, un mini pôle économique au même titre que Mokolo ou l’Avenue Kennedy, c’est un marché où s’échangent les services (je tiens à rappeler ici que le domaine des services correspond quand même au secteur tertiaire, ce n’est pas rien !). les transactions qui y ont lieu facilitent la circulation de la monnaie, ce qui est bénéfique pour l’économie nationale. (Ok ils ne paient pas de taxes pour leur activité mais c’est à l’Etat de penser à règlementer le secteur pas l’inverse)

    Avenue Kennedy
    L’avenue Kennedy est un quartier populaire de la ville de Yaoundé. La zone est devenu l’endroit où l’on trouve de la marchandise electronique en tout genre, ainsi que des stands de réparation pour laptop, portable et autres appareils electroniques.
    Photo © Kivafellows

  3. Troisièmement, le type même de service qui est vendu à « Mini-ferme » a une utilité sociale. En effet, qu’on le veuille ou non la prostitution remplie une fonction sociale, en ce qu’elle permet à ceux qui n’ont pas de conjoint régulier (et même à ceux qui en ont) d’évacuer la pression (aller disons le poliment). Les cours de biologie humaine reçus sur les bancs du secondaire,  vous ont surement appris que les hommes comme les femmes ont en eux, en des taux variables, une hormone appelée la testostérone, hormone qui  responsable de la libido . La sexualité est donc un besoin vital, nécessaire à notre équilibre physique et psychologique au même titre que manger et boire. Et dès lors qu’on se sent bien physiquement et mentalement on interagi forcément mieux avec le monde autour de nous.

Pour toutes ces raisons nous pensons qu’il ne faut pas détruire « Mini-ferme ».

Yvan

 

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