Mon Cameroun

Mon Cameroun à moi…

On a tous notre propre relation avec notre chère patrie. Empreinte de beaucoup d’affection pour cette terre qui nous a vu naître ou qui nous a adopté.  Empreinte aussi d’un sentiment de révolte lorsqu’en grandissant, notre soif d’apprendre, de découvrir le monde et nous- mêmes et tracer notre propre voie se heurte à ses réalités. Réalités qui nous étreignent au point de nous étouffer, comme le ferait une mère qui aime tant et qui châtie presqu’autant (sinon plus!). Cette relation ambivalente nous a façonné et continue d’impacter la manière dont nous percevons le monde, la manière dont nous nous posons nous Camerounais, face aux autres. Il ne serait pas faux de dire qu’on a avec sa patrie la même relation que l’on a avec sa famille, c’est-à-dire qu’on lui doit tout ou presque, mais on n’a pas non plus envie qu’elle soit un boulet que nous traînons derrière nous à perpétuité.

Certains des mots qui vont suivre peuvent choquer, mais comme je l’ai dit, on a tous notre relation avec notre patrie, donc ce n’est que mon Cameroun à moi.

Mon Cameroun à moi c’est ce mendiant couché sur un matelas de lingots d’or sans même sans rendre compte.

Mon Cameroun à moi c’est ce mendiant couché sur un matelas de lingots d’or sans même sans rendre compte. Il faut être fou me diriez-vous, oui il est fou!!! Il est fou de ne pas assez croire en sa jeunesse. Il est fou de fabriquer lui-même des hologrammes qui servent de modèles à  cette jeunesse : alcool, sexe, drogue et désinformation. Oui, mon Cameroun à moi est fou, parce qu’il faut l’être pour se tirer une balle dans le pied.


Présentation du projet de construction de l’Autoroute Yaoundé-Nsimalen par le gouvernement du Cameroun.
Cameroon Traveler Magazine via YouTube

Mon Cameroun à moi rêve de l’horizon 2035, il avait de grands projets, il a désormais de grandes réalisations nous dit-on, il rêve d’émerger! Oui, il est rêveur parce que c’est comme ça qu’on appelle, celui qui compte passer de la route rurale en pleine capitale qu’est la route Ekounou-Nkomo à un tramway dans la ville de Yaoundé sans transition. Celui qui rêve d’accueillir la CAN féminine en 2016 et qui en octobre 2015 ne compte même pas encore 5 stades prêts.  Celui pour qui l’eau et l’électricité sont un luxe mais te parle d’agriculture de 3ème génération et d’industrie. Celui qui te dit que Camair-Co est la vitrine du Cameroun alors qu’il faut un mois, voire plus pour rallier Yaoundé à Paris. Il parait que c’est « l’étoile du Cameroun », LOL.

Mon Cameroun à moi est hypocrite. Il refuse d’adresser les vraies questions qui fâchent et préfère se chercher des boucs émissaires qu’il rend responsables de tous ses maux.

Hypocrite c’est ce qu’il est quand il refuse d’affronter la question du tribalisme qui pourtant, a fait du Cameroun un petit gâteau que se partagent les ethnies, chacune gardant jalousement sa part. Hypocrite quand en fonction du genre de la personne que tu mets dans ton lit, tu es plus ou moins citoyen alors qu’il ne fait aucune distinction quand il collecte les impôts.  Hypocrite quand des milliers de Camerounais meurent dans le septentrion et qu’on te dit que la très haute hiérarchie n’est pas obligée de faire une sortie à chaque fois que le sang d’un Camerounais, fut-il un pauvre paysan un commerçant ou même un mendiant, est versé. Il parait pourtant que c’est nous qui l’avons porté là, cette très haute hiérarchie, qui se souvient qu’une vie ou plutôt une voie compte quand elle est gagnée en période électorale mais qu’elle compte moins si elle est perdue en temps de guerre. Hypocrite enfin, parce que tout le monde sait bien que quand on a mis trop long aux affaires on ne peut plus rien y apporter, et qu’au lieu d’innover et avancer, on a tendance à régresser mais tout le monde se cache derrière des slogans du genre « l’homme à la sagesse unanimement reconnu » maladroitement placé ci et là pour dissimuler le fait que plus rien n’est nouveau sous le soleil depuis 1982.

Bref dans mon Cameroun à moi rien ne va mais tout va bien…

Bref dans mon Cameroun à moi rien ne va mais tout va bien… Click To Tweet

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