Secret

VIH : Secret médical ou Secret entre nous ?

Nous sommes dans un hôpital de la place, dans une sous partie appelée « hôpital du jour » en salle d’attente, au milieu de gens plus ou moins mal en point. Tout à l’air normal, quand soudain une infirmière dit à une dame assise pas très loin de nous : «  Qu’est –ce qui  s’est passé ? Tu as fait comment pour ne pas venir chercher ton traitement pendant deux mois ? Il faut faire attention ! Maintenant tu risques de retomber malade… » Jusque-là tout a l’air anodin, puis les gens se mettent à esquisser des regards compatissant envers la dame pour les uns et des regards interloqués pour les autres. C’est à cet instant que nous réalisons qu’il ne s’agit pas de médicaments classiques, mais il est question d’Antirétroviraux, (médicaments qui freinent l’avancée du VIH dans l’organisme sans toutefois le détruire complètement) dans cette conversion. Le plus marquant est l’aisance avec laquelle l’infirmière aborde le sujet au vu et au su de tout le monde. Pourquoi révèle –t-elle une information aussi intime en plein couloir ? Une telle information n’est –elle pas censée être privée et préservée dans le cadre du secret médical ? Au regard  d’un  tel évènement nous nous demandons si le personnel médical  respecte réellement la notion de secret médical chez nous. Peut-être il s’agit –il d’un évènement isolé après tout ? Nous avons fait le tour de la question et nous pouvons vous édifier sur le sujet.

Comme tous les êtres humains, les personnes du corps médical sont différentes les unes des autres. Il y en a certaines qui sont plus douées que d’autres, de même il y en a certaines qui sont plus scrupuleuses que d’autres… Mais ça ne justifie en rien qu’elles puissent manquer de  professionnalisme et divulguer les informations relatives à la pathologie de leur patient, qui plus est quand la pathologie n’est autre que le Sida ! Force nous a été donnée de constater que le personnel peu scrupuleux et plus bavard se trouve  dans les hôpitaux publics. Le phénomène est peut-être dû au fait que les conditions de travail  y sont minimales, la charge de travail  est  très importante et surtout que le manque de discipline dans ces lieux de travail est «  la règle » que tout le monde suit sachant que la procédure de licenciement est très fastidieuse et longue. Après tout, que risquent –ils ? Le licenciement officiellement, mais officieusement juste un blâme de leur directeur. De plus, si on commence les licenciements dans ces hôpitaux publics où les débats sur les maladies des patients sont monnaie courante va–t-il rester un  personnel assez important pour pouvoir gérer, les  personnes en besoin de soin qui arrivent au quotidien ? Les hôpitaux publics sont généralement réputés pour leur prix abordable, mais aussi sur le manque de discrétion… En effet, il se murmure même l’identité de certains patients dont la présence est censé être classé défense (prisonniers politiques), mais même sous ces restrictions d’ordre de  sécurité nationale les fuites continuent. Il va sans dire qu’on sait qu’ils sont là et de quoi ils sont atteints…

Pourtant, dans les hôpitaux privés la confidentialité du dossier d’un patient est respectée. Ce fait est  probablement dû aux conditions de travail et au genre de travail dont le corps médical y bénéficie ; Ou encore des règles strictes qui y sont appliquées aveuglement. Dans ce genre d’hôpital, les informations d’un patient restent privées et les rares fuites sont lourdement sanctionnées.Mais les prix qui y sont pratiqués ne sont abordables par tous, ces hôpitaux ont la réputation d’être  réservés aux  personnes aisées.

En définitive, le secret médical  en général et celui se rapportant  au statut sérologique des patients, tient tant bien que mal à être respecté. Cependant chez nous, il est protégé, selon le lieu où on se trouve. La morale, voudrait que ce soit le cas  dans toute structure hospitalière, du fait de la stigmatisation dont souffrent les personnes qui sont infectées au VIH par l’opinion populaire. Mais pourtant, la réalité du terrain est toute autre. Si L’Etat  Camerounais mettait à leur disposition plus de subventions, pour améliorer leurs conditions de travail et procédait à un recrutement supplémentaire  pour  diminuer leur charge de travail, le corps médical serait-il plus scrupuleux et par conséquent respecterait-il  la confidentialité des dossiers des malades ? Doit-on faire subir un anéantissement social à une personne sous prétexte qu’on travaille dans de mauvaises conditions.

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