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Art : est-ce que les plats traditionnels se perdent ?

Tenue militaire, Mbongo’o Tchobi, Okok, Nkuih, Zom, Koki, Eru  wata Fufu, Ndolè  (et on pourrait écrire un livre pour compléter la liste) des noms qui vous disent quelque chose ? bien évidemment ce sont des mets traditionnels de chez nous. Ces mets qui nous ont vu/fait  grandir et qui pour certains font partie intégrante de l’identité culturelle camerounaise, semblent pourtant aujourd’hui ne plus être les favoris de nombreux camerounais, et surtout des jeunes générations, qui leur préfèrent des mets beaucoup plus contemporains.

la perte de vitesse des mets traditionnels pourrait aussi trouver son origine dans un phénomène quasi anodin : la modernisation culturelle.

Nous avons essayé de savoir pourquoi ces mets sont aujourd’hui boudés par les camerounais, et pourquoi ils se font rares sur nos tables. Pour comprendre pourquoi les mets traditionnels n’occupent plus la première place dans nos cœurs et sur nos tables, il faut d’abord remonter aux fondements c’est-à-dire aux ingrédients qui les composent ; à ce sujet il faut savoir que pour concocter des mets traditionnels, il faut très souvent faire recours à des ingrédients et  à toute l’expertise du monde rural. Et là encore,  c’est lorsque vous avez les 2 ou 3 heures souvent nécessaires pour procéder à la cuisson de ces mets. Si les ingrédients se trouvent souvent sur nos marchés auprès des petites détaillantes, l’expertise, elle, reste un luxe : par exemple chez les bassa lors des cérémonies traditionnelles il est de coutume de concocter un mets de pistache, celui-ci doit être réussi raison pour laquelle on fait souvent recours à une femme qui a de l’expertise dans le domaine, généralement une dame âgée. Vous conviendrez avec moi que si vous êtes bassa,  avoir un met de pistache à votre table dans ces conditions relève du grand luxe.

Des mots comme Koki, Eru, ou Ndjama Ndjama … sont en train d’être englouti par une culture beaucoup plus grande qui est la culture nationale.

Ensuite, la perte de vitesse des mets traditionnels pourrait aussi trouver son origine dans un phénomène quasi anodin : la modernisation culturelle. En effet,  la modernisation culturelle intervient ici à deux niveaux : premièrement la modernisation entraine l’abandon ou la relégation au second plan de certains aspects de notre culture (et l’alimentation en fait partie) au profit des mets occidentaux, ceci dans le seul but de montrer à quel point l’on est moderne, intégré dans son époque (même si parfois on brandit les raisons médicales et diététiques pour le justifier, souvent à raison en plus car  il faut l’admettre nos plats traditionnels sont généralement le paradis du mauvais cholestérol) ; deuxièmement cette modernisation culturelle est également à l’origine des mariages inter-tribaux au Cameroun.

met traditionelle
La préparation des plats traditionnels est toujours la même. Malgré les progrès technologique, rien ne prendra la place du feu de bois et la marmite de la grand-mère. – Source: Camer24

Ces derniers témoignent certes de la cohésion sociale qui règne au Cameroun, mais ont un revers : qui est le fait que très peu de mariages inter- tribaux sont réellement une fusion de deux cultures comme ils sont censés l’être, la plupart reste juste au stade de la mise en commun de deux entités hétérogènes. Dans un tel contexte de non acceptation de la culture du conjoint, l’élément qui matérialise cette culture, en l’occurrence le met traditionnel est rangé sous la table à manger (en tout cas dans les foyers qui aspirent à vivre en harmonie), parce que représentant un enjeu qui est celui de la prédominance d’une culture sur une autre.

Des mots comme Koki, Eru, ou Ndjama Ndjama, parce que nous sommes inscrit dans un processus où les cultures parcellaires, communautaires sont en train d’être englouti par une culture beaucoup plus grande qui est la culture nationale. Ceci dit, à l’échelle du pays, il faut tout de même saluer le fait que certains mets sont devenus de véritables institutions, au point oü ils sont présents à toutes les tables en toutes occasions peu importe l’ethnie, c’est le cas par exemple du Ndolè, du Eru ou de l’Okok pour ne citer que ceux là, car c’est un signe patent d’intégration nationale, celle qu’on nous chante dans les médias à longueur de journée.

Enfin, comme nous le disions plus haut les mets traditionnels sont des traits particuliers de l’identité culturelle de chaque communauté, et il est donc tout à fait normal que lorsque les barrières entre les communautés sautent, que les éléments qui les constituent volent en éclat, nous disons que ce n’est pas encore le cas ici avec nos mets traditionnels mais si rien n’est fait à long terme, nos jeunes ne sauront même plus de quoi renvoie

 

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