Taxi

La boîte de… Pandore

Au moment où vous lirez ceci, sachez que sur #twitter237 il y a eu une grosse bagarre autour de la liberté d’expression. Mais là n’est pas le sujet de ce billet. Pourquoi cette analogie? Tout simplement parce que les personnes  – bien pensantes – du #237 ont su transposer avec brio, je dois l’avouer à mon corps défendant, les conversations de taxi sur les réseaux sociaux.

 

Un petit rappel avant tout.

Dans la mythologie grecque, Prométhée vola le feu aux Dieux pour le donner aux hommes. Pour se venger, Zeus ordonna à Vulcain de créer une femme faite de terre et d’eau. Elle reçut des Dieux de nombreux dons : beauté, flatterie, amabilité, adresse, grâce, intelligence, mais aussi l’art de la tromperie et de la séduction. Ils lui donnèrent le nom de Pandore, qui en grec signifie “doté de tous les dons”. Elle fut ensuite envoyée chez Prométhée. Epiméthée, le frère de celui-ci, se laissa séduire et finit par l’épouser. Le jour de leur mariage, on remit à Pandore une jarre dans laquelle se trouvaient tous les maux de l’humanité. On lui interdit de l’ouvrir. Par curiosité, elle ne respecta pas la condition et tous les maux s’évadèrent pour se répandre sur la Terre. Seul l’espérance resta au fond du récipient, ne permettant donc même pas aux hommes de supporter les malheurs qui s’abattaient sur eux. C’est à partir de ce mythe qu’est née l’expression “boîte de Pandore”, qui symbolise la cause d’une catastrophe.

 Notre boîte de Pandore à nous, c’est le taxi.

Je transpire au moment de la rédaction: la toile connaît un certain essor au Pays. Ce qui m’ a fait sourire, c’est de constater avec effroi comment tout est devenu dangereux. Vous respirez de travers? On vous juge. Vous grincez des dents? Faites le en sourdine, on risque vous entendre. Un pet dans l’intimité peut avoir des répercussions impensables, donc abstenez- vous. Même le “silencieux” subit la censure. Le fait est que dans les taxis, espaces publics ambulants, on peut se lâcher. Chacun y va de sa petite histoire pour justifier plus ou moins une pseudo connexion avec l’actualité brûlante et croustillante du moment. Alors je vous laisse la liberté d’imaginer ce qui se dit dans les taxis. Les conducteurs de ces admirables petits bolides (peu importe la couleur), sont de véritables sources d’informations, pour qui sait poser les bonnes questions …

 

Tout est dans la manière…

Une question de rien du tout, et le tour est joué. Surtout, faites celui/ celle qui ne sait rien et est avide de comprendre ce qui se passe. Souriez au chauffeur, prenez- le à partie et … pressez sur le bouton “play”. Le tour est joué. Du moins c’est ainsi que je procèderais. Alors, je me suis demandé: comment se fait- il que les taxi-men soient si bien “informés”? Je me suis tourné tourné vers mes parents et certains aînés qui, contrairement à la moyenne camerounaise, ne se jettent pas à corps perdu dans les conversations de taxi.

 

La théorie du complot, sauce camerounaise.

“On” dit ceci, “Il parait que”, “Ne te fie pas aux apparences”, “Je dis hein, mon frère… toi même tu vois l’affaire là comment?”…  “Comment moi je vois cette affaire?” Pourquoi vous et pas un autre? Vous ne vous êtes jamais posé cette question, je parie. Votre avis compte! Les personnes vers lesquelles je me suis tourné m’ont clairement fait comprendre que tout ce qui se dit dans les taxis est susceptible de faire surface et vous poursuivre. Le fait – historique cette fois – est qu’ à une certaine époque, les taxi-men camerounais étaient des agents secrets. Rien que ça. Vous imaginez un peu? Tout ce que vous direz…pourrait être retenu contre vous. Et ne vous méprenez pas: les chauffeurs de taxi ont une mémoire d’éléphant. On comprend mieux comment il a souvent été aisé de pister un individu qui aurait divulgué une rumeur délicate ou pas.

 

Descendre souvent à quelques pâtés de votre destination… paye.

Le taxi qui vous déposera, saura où vous allez – du moins il supputera- , il sera en mesure de vous décrire car il aura suffit de trois secondes dans son rétroviseur pour photographier votre bouille et point n’est besoin de vous regarder pour vous entendre déblatérer. Excusez du peu. On nous a clairement fait comprendre que faire circuler l’’information peut porter atteinte à la raison d’ État. Certaines personnes dont nous faisons partie, acceptons souvent de descendre de taxi avant:  simple précaution, mais qui sait? Personnellement, on a tellement vu des réputations se faire et se défaire dans les transports communs. Le plus dramatique serait de se faire passer inconnu en allant construire – extrapolons- un château dans une zone délicate, donc difficile d’accès. Sauf que que les voitures jaunes savent se faufiler et leurs occupants sont curieux à plus d’un titre. Ils seront votre prochain sujet de débat car bien sûr, qui habiterait une batisse pareille? Qu’y allez- vous faire?  Alors dans le taxi, motus et bouche cousue. N’oubliez pas: la rumeur est une vraie vipère du Gabon qui frappe avec une dextérité de crotale.

Qui sait à quelle sauce vous pourrez être consommé demain?

 

Photo Source: http://www.dibussi.com/

 

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