Examen

Le trafic de notes !

« – Mince, c’est quelle sorcellerie ça ? J’étais sûr de valider cette matière c’est impossible ! J’ai corrigé l’épreuve là avant de la composer… Je suis sûr de moi.

– C’est vrai que venant de toi c’est très improbable ! L’histoire ci n’est pas simple…

– Je te dis ! je sens qu’on m’a fait ça !

– Assia ma copine, il faut gérer, c’est le système…

– Oui, comme-ci le trafic de notes devrait faire partie d’un système normal… »

« Trafic de notes » ces mots sont peut-être anodins pour vous, mais pour d’autres personnes à l’instar de notre étudiante citée plus haut, la lecture de ses mots provoque tout genre de mimiques désagréables. Nous  avons forcément une personne dans notre entourage qui a été victime de ce type d’opération frauduleuse. Triste réalité de notre système éducatif supérieur, le trafic de notes fait rage, autant dans les entités publiques que dans les entités privées. Dès que les divers responsables tendent au laxisme sur le contrôle du travail de leurs subordonnés, les requêtes des étudiants affluent démontrant les dégâts occasionnés par ce laxisme.

Oui, le trafic est bien installé chez nous, vous pensez avoir validé une Unité d’Enseignement parce que vous connaissiez la quasi-totalité des réponses sur le bout des doigts, utopie ! Ce ne sera pas le cas pour vous cette  fois-ci, quoique ça l’a en fait été, mais une personne désirant satisfaire les  doléances d’autres, en a décidé autrement…

Son fonctionnement est simple, le logiciel utilisé pour la gestion des notes, enregistre des notes précises pour chaque étudiant. Cependant, pour booster les notes de certains, il faut piocher dans les notes d’autres étudiants parce que le logiciel doit avoir son quota normal de points, sinon il va se produire une erreur système. Si par exemple vous avez 16/20 dans une unité d’enseignement et que vous voyez affiché 06/20, on a vous chipé 10 points pour booster la note de quelqu’un d’autre. Vous constatez donc une note invraisemblable parce il y a une manipulation occulte en amont… Généralement, ce genre désagrément est palpable au niveau des sessions de rattrapage parce que les étudiants y ont forcément une performance plus sûre qu’à la session normale. Mais des fois, le vice est poussé jusqu’à modifier des notes qui ont été affichées antérieurement, au niveau des différentes synthèses de fin d’année.

Les responsables, peut-on vraiment les indexer ? Il y a des personnes mal intentionnées partout, il faut juste qu’elles aient accès au bon endroit, au bon moment et tout se passe. Quand bien même vous chercherez le responsable, qui pourra vous répondre ? Au pire des cas, vous irez vous plaindre chez votre bourreau sans le savoir… On vous tiendra un discours rassurant et consolateur telle une promesse électorale, et nous savons tous que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient.

Dans ce genre de situation, il faut juste suivre la procédure indiquée pour renverser la situation. De plus, à part les recours administratifs (requête et autres types de demandes d’enquête) prenez toujours le soin de relever personnellement vos notes. Filmez-les si possible (oui, c’est toujours bien d’avoir une preuve incontestable, même si vous passez pour des maniaques, votre année scolaire n’a pas de prix !) et conserver ces preuves ainsi que celles de vos amis, on ne sait jamais quand tout peut basculer pour l’un de vous.

Des mesures sont néanmoins prises par les autorités en vigueur au sein de nos établissements pour démasquer les  auteurs de telles pratiques. Mais il faut reconnaître qu’avec la masse d’étudiant présent dans nos institutions publiques, il est difficile d’attraper ces briseurs de rêve.

Le trucage de notes, fait partie des motifs récurrents d’abandon de l’enseignement supérieur camerounais par les jeunes qui y sont normalement attendus. Vous convenez avec moi, que vous préférez de loin faire vos études dans une faculté où vous êtes sûrs des résultats que vous obtiendrez, que d’être dans une faculté où à chaque session vous vous demandez si vos notes seront présentes, sachant que vous avez composé.

En fin de compte, l’Etat doit se lancer dans une lutte ouverte contre le trafic de notes, parce que bien qu’il soit considéré comme un tabou, il sévit et détruit les espoirs de nombreux camerounais. Un tel phénomène fait partie de ces raisons qui justifient l’expatriation en masse de nos frères et sœurs à l’étranger en général et en occident en particulier. Cette lutte est d’une importance capitale car l’enseignement supérieur est à l’origine des têtes pensantes de demain. Si, dans un pays les têtes pensantes sont formées aux arrangements occultes et à tout genre de fraude, ce pays n’aura aucun futur à l’ère de la mondialisation.

Photo Source: http://www.africapresse.com/

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