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Vous avez dit « Mboa Tape » ?

Le collectif Mboa Urban Music est une plate-forme dont l’objectif est de permettre aux Camerounais et autres amateurs de musique camerounaise de découvrir, écouter, partager, télécharger et échanger sur l’actualité de la scène urbaine camerounaise ; il se veut également une vitrine de mise en avant des artistes en leur offrant un canal de diffusion alternatif aux médias traditionnels. Dans cette optique, le Mboa Urban Music (M.U.M) produit courant 2013 le premier volume d’une compilation de titres aux influences Afropop, Afrosoul, R&B, HipHop, et alternatif : La « Mboa Tape » ou la « cassette du pays »[1]. M.U.M souhaite à travers cette compil’ disponible en téléchargement gratuit ( ici ou ici ),  faire passer un message, raconter une histoire, celle d’une industrie en pleine croissance qui peut générer son propre public.

La « Mboa Tape » s’inscrit comme la première compil’ de musique urbaine camerounaise « nouvelle génération »  avec pas moins de 15 titres d’artistes de la scène musicale urbaine camerounaise et de la diaspora. Des titres dans l’ensemble plutôt éclectiques, censés s’adresser au grand public, mais qui de notre avis séduiront surtout les jeunes générations, étant donné qu’ils dépeignent principalement le quotidien des jeunes de chez nous, le tout en des termes qui leurs sont familiers. Alors pari risqué ? Ou grand cru d’artistes en devenir proposant des pépites à l’écoute de mélomanes et de profanes ? Pour vous la faire courte, que peut-on retenir de cette « Mboa Tape » ?

Porter un regard critique sur la « Mboa Tape » suppose de l’apprécier sur la forme et dans le fond alors « commençons par le commencement » c’est-à-dire la pochette pour ce qui est de la forme. Elle parle cette pochette! On y voit sur fond noir, outre une femme aux traits négro africains, les mots Mboa et Tape en surbrillance respectivement en jaune et en rouge, deux des couleurs de notre triangle national ; autant d’éléments qui évoquent un produit 100% K-mer! Si l’on veut se risquer à un décryptage de cette pochette, on peut dire que le fond noir dominant et les traits de la jeune femme choisis pour la pochette de cette compilation sont là pour rappeler à tous qu’à travers cette compilation typiquement Kmer c’est d’abord la richesse culturelle africaine qui est mise en avant, la Mboa tape sonne comme un signal du dynamisme et de l’effervescence de la culture négro-africaine(la couleur noir) qui a su s’inspirer de ce qui est fait ailleurs pour consolider ses acquis tout en visant « l’enjaillement » et,  autant que faire se peut la diffusion des messages; de plus, le fait que les mots Mboa et Tape en surbrillance s’insèrent dans ce champ voudrait probablement montrer que la culture camerounaise fait partie de ce vaste ensemble qu’est la musique africaine et qu’il faudra compter sur elle et avec elle parce qu’elle est plus que jamais résolue à se faire remarquer.

A présent si l’on s’intéresse au contenu, la compil propose 15 titres qui, nous dit  qui a bossé sur le projet, ont été choisis pour raconter une histoire : celle d’un Cameroun urbain qui grandit et s’assume mais aussi celle du/de la K-mer[2] X ou Y au Mboa.

Nous avons essayé d’évaluer ces titres en nous basant sur les critères suivants :

1.Qualité des arrangements :
Par arrangements, nous entendons l’agencement des beats, des voix off et des paroles. Dans cette logique, certains titres de la compil « Mboa Tape » se distinguent par des arrangements d’une bonne qualité, on pourrait même se risquer à dire qu’ils pourraient facilement s’exporter c’est le cas des pistes 4, 7, et 10; cependant, certains autres s’écoutent moins bien en raison des arrangements moins « élaborés », ou à parfaire. C’est le cas des pistes : 2, 12 et 14.

2. Identité:
Par identité, nous entendons l’empreinte camerounaise que l’on peut déceler à l’écoute de ces titres, que ça soit le langage, les instruments utilisés et toute sonorité rappelant la culture camerounaise. Dans cet ordre d’idée, les pistes 4 et 6 s’illustrent par l’usage d’expressions qui meublent le paysage linguistique urbain camerounais (genre «Hein Père » ou carrément « Tu es Bolè ») ce qui est un avantage, dans la mesure où les jeunes s’y reconnaissent tout de suite, y adhèrent, et les reprennent pour en faire une hymne ou la nouvelle expression à la mode dans les milieux jeunes. Toutefois, nous déplorons certains titres qui à notre avis  ne sont que de pâles copies de titres étrangers, sans même se donner la peine de les ré-assaisonner à la manière du Mboa, nous pensons surtout aux pistes : 5, 11 et 12.

Résumé :

Les plus : Projet audacieux et innovant qui braque les projecteurs sur l’industrie urbaine camerounaise et promeut ainsi la culture et l’identité camerounaise, mais aussi qui fédère des artistes qui souvent semble avoir pris l’expression « carrière solo » trop au pied de la lettre !

Les moins : Dans l’ensemble il n’y a pas réellement un message d’engagement sur des problématiques qui touchent réellement la jeunesse camerounaise, c’est peut-être un choix délibéré des promoteurs mais n’empêche que ça donne l’impression amère que la musique urbaine au Cameroun est très superficielle ce qui de notre avis n’est pas très juste.

Notre sélection : Pistes : 4, 6, 7, 10

 Mboatape Tracklist:

1.      African Luv (Reniss)

2.      Bagando Star (Zayox ft. Edel & Venum)

3.      Bom Bom Bom (Museba)

4.      Mukwatta (Jovi)

5.      Donnes-moi le temps (Sifoor)

6.      Hein Père (Stanley Enow)

7.      I Don’t Need Your Money (Veeby)

8.      I Love This Game (20 Cent)

9.     Jackpot (Dareal)

10.   Je Suis Bolè (Djibril)

11.   Je Te Ya Mo (Black Triangle Africa)

12.   Kumba Market (Magasco)

13.   Pourquoi on s’embrouillerait (Le Groupe AMER)

14.   Things U Do (Gee Reign)

15.   Vas Dire à Tes Potos (Venum)


[1] « Mboa » qui veut dire « Pays » en dialecte Douala et « Tape » qui vient de l’anglais et signifie « Cassette ».

 [2] Camerounais( e ) selon le langage urbain camerounais

 

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