Préservatif féminin : Pourquoi ça ne marche pas ?

«Elles sont les plus exposées et l’humanité est en danger. Beaucoup ont été infectées par leurs époux qui refusent carrément de mettre le condom. Certains mêmes savent qu’ils sont infectés, mais veulent avoir des rapports non protégés» a déclaré le Docteur TARDY. Conscients de tous ces faits, le préservatif féminin a été mis en place avec des stratégies tendant à sa vulgarisation.

Arrivé au Cameroun en 2009, le préservatif féminin, connu  sous le nom de PROTECTIV’ s’est heurté à une grosse résistance due à quelques appréhensions. Un spécimen  coûtait alors 100 F CFA et laissait la gente féminine quasiment indifférente. Peut-être se posait-il un problème de prix ? L’Association Camerounaise de Marketing Social (ACMS) a voulu palier à ce probable problème de prix en vendant trois spécimens à 100 F CFA. Résultat des courses, les ventes ont quasiment doublé passant de 500 000 en 2012, à 900 000 de janvier à août 2013. Mais ne nous méprenons surtout pas ! Cela ne signifie pas forcément qu’on utilise les préservatifs féminins plus qu’avant. Entre l’achat et l’utilisation il peut parfois y avoir un fausset considérable. En effet, plus de la moitié de ces préservatifs sont généralement achetés en gros pour la réalisation de projets ou campagnes de lutte contre VIH/SIDA, ou encore pour faire plaisir à une connaissance qui en vend lors des foires. Toujours est-il qu’au Cameroun on achète rarement un préservatif féminin pour l’utiliser soi-même. Concernant les ventes, PROTECTIV’ progresse plutôt mais s’agissant de l’utilisation, on n’y est pas encore ! Mais alors pas du tout !

Le fait est que, l’utilisation de PROTECTIV’ ne représente pas un exercice aisé. Large, avec une circonférence considérable, l’instrument présente deux anneaux en caoutchouc, à chaque extrémité.  L’un se met à l’intérieur et se fixe au fond du vagin, tandis que l’autre reste à l’extérieur de l’organe génital féminin. En jetant un coup d’œil sur le mode d’emploi de ce préservatif féminin vous pourrez constater qu’il y a plus de cinq étapes à suivre. De quoi décourager et faire fuir les femmes qui préfèrent se rabattre sur les bonnes vieilles méthodes. Qui a dit que quand on a un rapport sexuel protégé, le plaisir ne doit pas excéder les 5% ? Les femmes en veulent plus et PROTECTIV’ ne leur en donne pas assez. Certaines femmes affirment que le préservatif féminin n’est pas pratique et qu’il est moche. D’autres, n’ont même pas en projet de l’utiliser un jour. Ce, parce qu’elles ont entendu dire que le préservatif féminin est bizarre et qu’il pourrait – dit-on – disparaître à l’intérieur de l’appareil génital féminin. Pas étonnant qu’avec toutes ses raisons, le taux d’utilisation du préservatif féminin par les 15 – 49 ans tourne autour de 9% au Cameroun. Face à ces mentalités et autres préjugés, une baisse du prix d’achat même des plus considérables et une grosse campagne médiatique seraient quasiment impuissantes pour impulser une réelle utilisation.

Vous allez sans doute dire que le préservatif féminin avait été mis en place pour que les femmes prennent les choses en main mais cette raison suffit-elle pour inciter à son utilisation ? Non ! Prendre son destin en main c’est aussi insister pour que son partenaire enfile un préservatif masculin ou alors refuser d’entretenir un rapport sexuel avec lui s’il refuse de se protéger. Il ne vous forcera pas, il ne s’agit pas d’un viol !

Photo Source: Corvallis Advocate

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